samedi 28 avril 2012

Voyages et découvertes...

 Le début du mois d’avril a coïncidé avec les vacances de Pâques, et cela s’est présenté comme étant l’occasion parfaite de découvrir davantage la région du Nord et de l’Extrême-Nord du Cameroun. En compagnie de quelques volontaires, j’ai donc pris la route du village de Rhumsiki et les fameux pics qui font sa renommée! Au cours de notre séjour, nous avons eu la chance d’en apprendre un peu sur le peuple Kapsiki et leurs traditions animistes. Entre autres, on nous a expliqué l’importance des arbres à palabres dans les quartiers et les trois types qu’on retrouve, soit un pour les jeunes hommes, les hommes mûrs et les femmes. C’est à cet endroit que les gens se retrouvent pour échanger les nouvelles, apporter leurs problèmes et essayer de trouver des solutions. Un peu plus loin, vous trouverez une photo d'un arbre à palabre de femmes où vous pourrez observer les pierres creuses qui sont disposées tout autour de l’arbre. En fait, ces pierres servaient à rentabiliser le temps des femmes, avant l'arrivée de l'électricité et des moulins! Tout en discutant entre elles, elles pouvaient en même temps écraser le mil avec un mortier au creux de la pierre. Le couscous de mil constituant l’aliment principal de l’alimentation dans cette région, les femmes passaient donc de longues heures à effectuer ce travail. Je garde aussi un bon souvenir de la visite du vieux sorcier du village qui lit l’avenir dans les mouvements de petits crabes et les morceaux de calebasse! Bravant la chaleur, nous avons eu la chance de faire de magnifiques randonnées dans les montagnes et dans la vallée, entourés de ces pics si impressionnants! Et je dirais même que les quelques photos qui suivent ne sont qu’une faible représentation d’une réalité sortie tout droit d’un autre monde!


Arbre à palabres des femmes



Le vieux sorcier aux crabes
Quelques jours plus tard, je me suis retrouvée dans le sympathique village de Guider pour aller visiter cette fois, les Gorges de Kola. Au milieu d’un paysage de brousse qui semble tout à fait habituel, se dessine soudainement un immense tapis de roches! En s’approchant, on découvre une large fissure au centre de laquelle un petit ruisseau coule. En période des pluies, une transformation s’opère et le ruisseau devient rivière. Paraît-il qu’il est même possible d’y nager! Pendant quelques heures, nous nous sommes promenés dans ce magnifique site naturel et nous avons même pu pratiquer quelques techniques d’escalade!




J’espère avoir l’opportunité de continuer de découvrir les richesses de cette région qui ne cesse de m’impressionner chaque fois! Et au plaisir de les (re)découvrir avec vous, parents et amis, qui tenteront l’expérience camerounaise!

Mois mouvementé!

Salutations à tous!

J’espère que vous allez bien et que le printemps s’est bien et bel installé sur les terres québécoises! À l’Extrême-Nord, la saison très chaude est arrivée tard cette année, soit au début d’avril, alors qu’habituellement, elle s’installe en mars. Aussi, les premières pluies ont fait leur apparition bien tôt, dès la mi-avril. Tous ces bouleversements sont probablement le résultat des changements climatiques dont on entend de plus en plus parler ici! Avec les premières pluies, les pannes d’électricité sont revenues et ne pouvant pas utiliser mon ventilateur, j’ai dû passer quelques nuits à la belle étoile pour avoir un peu d’air frais! Heureusement, l’arrivée de la saison chaude n’apporte pas qu’un lot de points négatifs. Elle est aussi synonyme du début de la saison des mangues et je prends un réel plaisir à en déguster maintenant pratiquement chaque jour !!

Du côté du travail, avril a été, sans contredit, LE «Mois mouvementé!» depuis mon arrivée. Pour  vous mettre un peu en contexte, VSO (l’ONG pour laquelle je travaille) a entamé depuis l’an passé, une restructuration de tous ses programmes au Cameroun et la nouvelle stratégie a officiellement été mise en place le 1er avril dernier. La grande cible de VSO pour l’horizon 2012-2015 sera : les femmes! Les volontaires interviendront dans différents volets en ayant toujours comme priorité les femmes. Ces volets sont : l’éducation et l’alphabétisation fonctionnelle, la santé, le pouvoir économique et la participation à la prise de décisions. Une nouvelle méthode de travail entre les volontaires fait aussi partie de cette nouvelle stratégie et elle commence tranquillement à être mise en place. Nous serons plus appelés à travailler en équipe et à échanger sur les projets de tous les volets. Au niveau personnel, un grand changement a aussi eu lieu. Je prendrai dorénavant le rôle de conseillère en santé communautaire plutôt que celui de conseillère en développement scolaire. Les personnes qui me connaissent bien ne seront probablement pas surprises de ce changement de cap! Ayant moi-même fait la demande, je suis très heureuse du nouveau rôle qui me sera confié et il cadrera aussi beaucoup mieux avec mes intérêts personnels et mes diverses expériences passées dans le domaine de la santé communautaire.

D’ailleurs, le grand projet qui a occupé mes dernières semaines était directement relié à ce volet santé! En collaboration avec les deux autres volontaires internationales de mon secteur, nous avons mis sur pied un projet de formation d’animateurs et animatrices en éducation sexuelle. Depuis la semaine dernière, les animateurs et animatrices sont déjà sur le terrain en train d’animer des ateliers dans quelques classes du primaire et du secondaire. Nous avons choisi de séparer les garçons des filles, car il y a un grave problème d’expression des filles en présence des garçons. Cela peut être relié à plusieurs facteurs : la timidité, la maîtrise difficile du français, les traditions accordant peu d’attention à l’opinion des femmes, etc. Nous espérons qu’en séparant ainsi les groupes, les filles seront plus à l’aise de discuter de sujets tabous, de poser leurs questions et un climat de confiance pourra être établi avec l’animatrice de l’atelier. Jusqu’à maintenant, selon mes observations, les ateliers se déroulent merveilleusement bien et je suis très enthousiaste par rapport à leur évolution au cours des prochaines semaines! 


L’idée du projet m’est venue tranquillement en tête après avoir entendu chaque mois, depuis mon arrivée, des histoires toutes plus tristes les unes que les autres… Je pourrais citer entre autres, une propagation terrible du VIH/SIDA et autres ITS dans la communauté, des jeunes filles de 12-13 ans enceintes, des pratiques d’hygiène plus que douteuses (un exemple qui vous paraîtra fou, mais qui est tiré de faits vécus : l’utilisation du sac de plastique qu’on trouve au marché à titre de condom!!). Bref, entendre toutes ses histoires jour après jour, m’a fait réaliser à quel point il y a un manque d’informations à l’égard de tout ce qui entoure la sexualité et les jeunes en sont malheureusement les premières victimes! Petit à petit, nous espérons changer les mentalités et les comportements pour que la santé de tous devienne une priorité! Nous sommes toutefois réalistes et conscientes que ce jour-là n’est pas demain, mais Inch’Allah, les jeunes qu’aujourd’hui nous éduquons, seront des acteurs de changements dans un futur qui n’est pas très loin…