lundi 20 février 2012

Ô Cameroun!

 Bonjour à tous !

Quelques nouvelles en provenance de la chaleur sahélienne…car les journées de plus de 40C ont fait une entrée remarquée il y a environ deux semaines à l’Extrême-Nord du Cameroun!
Pépinières de riz et épouvantails africains!

D’abord, depuis mon retour des vacances au début janvier, les projets au travail sont de plus en plus nombreux et motivants! Au cours du mois de février, les directeurs et enseignants de mes écoles ont pu prendre part à des formations pour renforcer leurs compétences en informatique et en alphabétisation des femmes. Des ateliers de sensibilisation sur la salubrité de l’eau des puits à ciel ouverts sont également prévus à mon horaire des prochains jours. Les maladies liées à la consommation d’une eau non potable sont tellement nombreuses (fièvre thyphoïde, Hépatite A, choléra, parasites et vers intestinaux, etc)   et souvent meurtrières dans la région, les premières victimes étant malheureusement les enfants. En compagnie de mon collègue volontaire camerounais et d’un agent de sensibilisation du dispensaire de mon village, nous sillonnerons donc différents quartiers de Guirvidig et quelques petits villages de brousse pour essayer de faire changer certains comportements des gens, entre autres, puiser avec des cruches et des cordes propres, couvrir les puits pour éviter que feuilles, déchets, sable et petits animaux s’y retrouvent et informer sur les différentes techniques de filtration, d’ébullition et de javellisation de l’eau. Mis à part cela, nous sommes déjà dans les préparatifs de la Journée mondiale de la femme, le 8 mars prochain. Les droits des femmes au Cameroun et particulièrement dans la région de l’Extrême-Nord font partie des sujets sensibles dans ces communautés très traditionnelles patriarcales. Pourtant, peu à peu depuis mon arrivée, je constate que certaines femmes élèvent de plus en plus leurs voix pour dénoncer les injustices dont elles sont victimes, entre autres leur droit d’influencer les décisions familiales sur la scolarité de leurs enfants et particulièrement les filles. Certains pères voient d’un très mauvais œil une fille qui a été bien éduquée, car cela sous-entend qu’elle ne sera pas une bonne épouse, elle pourrait demander le partage des tâches ménagères ou se soulever un jour contre son mari qui n’a pas tenu compte de son opinion…

Lamidat de Moulvoudaye. 
Ouverture du défilé de la commune de Maga
Les enfants de la maternelle de Maga

Côté vie sociale, ça bouge bien comme on dit ici! Célébration de mon anniversaire dans le village chrétien de Mouda (et par le fait même beaucoup plus fêtard que les villages de leurs compatriotes musulmans!); musique africaine, danse, enfants et bière de mil traditionnelle (aussi appelée bil bil ou mozoum en langues locales) étaient au rendez-vous. Quelques semaines plus tard, j’ai eu la chance de fêter au sein de la grande chefferie du village Moulvoudaye. Ici, les chefs traditionnels ou lamidos sont extrêmement respectés par les populations. Les salutations à un lamido commencent toujours par un «Bonjour Sa Majesté» en s’inclinant pendant la poignée de main. Pour nous les volontaires, tous ces protocoles apparaissent un peu superflus et étranges, mais nous avons pris joyeusement part à toutes ses petites traditions!  Lors de la fête de la jeunesse, le 11 février dernier, j’ai aussi été confrontée à tous les protocoles entourant les grands de ce pays (particulièrement Son Excellence Monsieur le Président Paul Biya). En effet, avant le début du défilé des enfants, un discours enregistré du Président d’une durée de 30 minutes, a été attentivement écouté par la foule. Aussi, comme vous pouvez le constater sur la photo ci-dessus, la présentation d’une grande photo de Son Excellence doit impérativement ouvrir la marche lors des défilés!

Sur ce, je vous souhaite un bel hiver et je vous dis :
«Férré, férré (ou à la prochaine!)»