samedi 19 novembre 2011

Sourires d'enfants


Après des trajets de moto ralentis par des flaques d’eau, des nids-de-poule géants et du sable plein les yeux, des heures d’attente interminables et des dizaines de réunions annulées… comment trouve-t-on le courage de continuer chaque jour à aller travailler et à espérer un meilleur avenir pour l’éducation de milliers d’enfants ? La réponse est simple, je vous laisse la deviner ! 

Une salle de classe de l'école de Mewi
Ce matin, je me suis levée en ayant plus ou moins l’envie d’aller à cette rencontre de parents à l’école de Mewi, une école en plaine brousse à environ 30 minutes de Guirvidig.Les problèmes de cette école sont multiples, le plus petit effectif de mon secteur (250 élèves environ), un enseignant qui a déserté sa classe pendant un mois, des réunions de parents de trois personnes, deux salles de classe faites de matériaux provisoires, c’est-à-dire en briques de boue séchée avec toit de tôle ou de paille. Chaque année, les murs doivent être solidifiés en ajoutant une nouvelle couche de boue et en la lissant, on appelle cette technique le crépissage. Ce n’est pas que les écoles qui doivent subir ce traitement, mais aussi un grand nombre de maisons du village !! Depuis deux semaines, un peu partout dans mon quartier, je croise des montages de boue et des centaines de briques en train de sécher au soleil.

Des briques de boue à titre de bancs dans la classe !
Bref, pour en revenir à cette école, c’est probablement celle qui me cause le plus de soucis depuis mon arrivée ici ! Par contre, en arrivant ce matin, j’ai laissé tout ça de côté dans mon esprit pour admirer le spectacle qui se passait devant moi. Il y avait peut-être une cinquantaine de filles en train de jouer au football (soccer) et un peu plus loin, un groupe de garçons qui jouaient aussi ! Il y a quelques années à peine, les filles étaient pratiquement absentes de cette école et on ne pouvait même pas espérer qu’elles pourraient un jour avoir la chance de jouer au football comme leurs frères, car c’était un sport pratiquement exclusif aux garçons. Les voir ainsi toutes souriantes en train de courir après le ballon m’a vraiment fait chaud au cœur! Je crois que ce sont des petits moments comme celui-ci qui permettent aux coopérants-volontaires de ne pas perdre espoir en leur travail. Les changements espérés ne seront peut-être pas perceptibles avant des mois, voire même des années, mais ils viendront…

En regardant cette photo, je repense en souriant à un autre petit moment marquant ! Il y a quelques semaines, cette jeune fille est venue me rendre visite en compagnie de deux de ses amies. J’étais en train de lire un gros roman et ça semblait bien les impressionner. En effet, les livres sont rarissimes dans les maisons au village, une grande proportion d’élèves ne disposent même pas des cahiers et livres nécessaires pour leur année scolaire. Je décide donc de leur proposer qu’on regarde ensemble un livre pour enfants beaucoup plus amusant avec de belles images de poissons et d’animaux marins. Je n’ai même pas eu le temps de le déposer par terre que déjà, elles tournent les pages et pointent toutes les images ! La jeune fille est la seule à parler français et à aller à l’école. Je lui demande si elle veut lire les premières phrases, mais malheureusement, je constate qu’elle n’en est pas capable. En CM2, l’équivalent de notre 6ème année du primaire, plusieurs élèves ne sont pas en mesure de lire de façon fluide en français et on peut même rencontrer un grand nombre d’élèves au secondaire qui ont toujours ce problème. La formation non adéquate des enseignants, l’environnement scolaire, le manque de ressources matérielles et la quasi-absence de la langue française au profit de la langue locale en dehors des murs de l’école peuvent tous être des facteurs influençant cette triste réalité. Après avoir feuilleté le livre, elles ont voulu que je sorte mon appareil photo et l’événement s’est vite transformé en fête ! Elles se sont mises à fredonner une chanson, à taper des mains et à danser ! Mouvements de hanche, de poitrine, j’ai bien pensé à vous, mes amis de danse africaine !! Ma connexion internet est si lente que je ne peux malheureusement pas vous en montrer un extrait vidéo…

Après avoir passé une semaine en ville ce mois-ci, je crois que j’apprécie encore plus ma vie dans ce petit village paisible. J’ai été bien étonnée de voir l’accueil que j’ai reçu à mon retour, où les messages de “bonne arrivée” sont revenus en force partout où j’allais! Fait intéressant, plusieurs voisins ont essayé de se renseigner ici et là pour savoir ce que j’avais au programme en ville, car ils étaient inquiets de ne pas me voir revenir après deux ou trois jours comme à mon habitude!! J’en ai donc profité pour utiliser mes petites expressions camerounaises : Walla problème (il n’y a pas de problème)! Je suis là!

Je vous laisse ici et on se retrouve probablement dans quelques semaines, en provenance du sud du pays, où j’aurai la chance d’aller en vacances pendant la période des fêtes!

jeudi 27 octobre 2011

Et c'est parti !!!


Bonjour à tous! 

Malgré mon silence des dernières semaines, je ne vous ai pas oubliés! Tellement d’événements, de rencontres et de petites aventures sont survenus au cours de ce mois !! D’abord, il faut préciser que le 9 octobre dernier, des élections présidentielles se sont tenues au Cameroun et le simple fait d’avoir eu la chance d’assister à toute cette frénésie entourant cette journée cruciale, m’a appris énormément sur le pays, les valeurs prônées, la politique, l’organisation des grandes structures, etc. C’est sans grande surprise que deux semaines plus tard, les résultats du vote confirmèrent la réélection du Président Paul Biya pour les 7 prochaines années (ici, il est intéressant de préciser que cela fait jusqu’à maintenant 29 ans qu’il est au pouvoir !) 

Côté travail, j’ai été surprise de constater que contrairement à mes attentes,  j’ai eu la chance d’assister déjà à plusieurs réunions dans mes écoles. Les associations des parents d’élèves et des enseignants (APEE) est un peu l’équivalent des conseils d’administration au Québec et ce sont mes principaux partenaires de travail. J’ai également l’opportunité de soutenir les associations des mères d’élèves (AME) dont la mission est davantage centrée sur la scolarisation de la fille et son maintien à l’école. Ci-dessous, je suis entourée des femmes de l’AME de l’école du village de Kéléo, une association très dynamique qui entreprendra cette année plusieurs projets  dont entre autres, la construction d’une salle de classe en séko (c’est-à-dire des murs et un toit de paille tissée), des cours d’alphabétisation pour les femmes de la communauté et l’organisation d’une remise de prix pour les meilleurs élèves et particulièrement les filles, à la fin du trimestre. 



Je demeure optimiste face aux grands défis qui vont se poser au cours de la prochaine année, mais il est évident que les changements que je pourrai apporter concrètement sur le terrain se feront petit à petit, car mon travail comme coopérante volontaire vise d’abord à soutenir les organisations pour qu’elles puissent mieux se structurer et être efficaces ! Et comme c’est un travail assez abstrait et de longue haleine, le projet est d’une durée de cinq ans et je débute maintenant la  4e année de partenariat avec ces écoles et les organisations qui en découlent. 


Revenons un peu à ma vie au village… je crois que je ne vous pas encore présenté mon humble demeure de l’intérieur! Voici donc des photos de ma chambre, ma salle de bain (de luxe parce que j’ai la chance d’avoir de l’eau courante pour mon petit lavabo et ma toilette, ce qui n’est pas le cas pour plusieurs autres volontaires placés dans les villages !!!) et de ma cuisine.

 La difficulté majeure qui s’est présentée à la maison… est l’absence d’électricité pendant les trois  dernières semaines. Ainsi, chaque soir à 18h je devais finir de préparer mon souper à la lumière de ma lampe frontale et faire la même chose pour prendre ma douche ! Mes divertissements consistaient alors à écouter la radio, à lire des romans… puis je me couchais sagement à 21h ! Ceux qui me connaissent bien savent qu’il y a là un grand changement par rapport à mes habitudes !! En octobre, j’ai aussi eu la chance de me familiariser un peu avec le jour du grand marché de Guirvidig. En fait, c’est presque une blague entre volontaires, mais lorsqu’on se demande entre nous ce qu’il y a à faire et à voir dans notre village… et bien la réponse la plus courante est sans aucun doute : venir visiter le grand marché ! Chez moi, c’est le samedi et c’est vraiment L’ÉVÉNEMENT de la semaine ici !! Des centaines de personnes débarquent avec leurs marchandises et aliments  de toutes sortes, provenant de la ville ou des villages avoisinants. Le petit marché habituel se transforme littéralement en labyrinthe et c’est tout un défi de se faufiler entre les petits kiosques protégés par des toits de paille ou des toiles de plastique. J’ai eu droit à mon samedi d’expérimentation où je m’étais donnée pour défi d’acheter des légumes, une radio et des casseroles… aïe je me suis retrouvée au milieu de montagnes de tissus, d’une allée de vendeurs de poissons frits et séchés, de femmes qui vendent le mil et le riz, bref…. J’ai été finalement obligée de renoncer et de demander à des voisins qui passaient par là de m’orienter!  J’aurais pu continuer mes recherches, mais à 35-40C, avec des cris de «Nassara», «La blanche» à toutes les 30 secondes, les bruits étourdissants des motos qui se faufilent dans les allées… je dois dire que je suis revenue épuisée de ma petite heure d’expédition !!  
 
Je vous laisse sur quelques images de mon passage à Pouss , un village voisin de Guirvidig et situé aussi aux abords du Lac Maga, que j’ai eu la chance de visiter pendant la fin de semaine dernière.  

À bientôt et si vous avez un sujet ou un thème que vous aimeriez me voir aborder, écrivez-moi et je me ferai un grand plaisir d’essayer de vous éclairer ! Élise alias Awa (j’ai hérité de mon nouveau nom foulfouldé la semaine dernière !)