samedi 17 mars 2012

Jours de célébration!

Bonjour à tous et spécialement à toutes les femmes, qui le 8 mars dernier, ont célébré la Journée internationale de la femme!

Au Cameroun (et je préciserais même dans les régions rurales de l’extrême-nord), la célébration de cette journée prend une importance particulière, du fait de tous les obstacles structurels, traditionnels, religieux et économiques qui nuisent à l’épanouissement et à l’autonomie des femmes. Dans le cadre de cet événement, plusieurs activités étaient organisées tout au long de la semaine et j’ai participé, entre autres, à une soirée culturelle comprenant sketchs, chants, danses modernes et traditionnelles ainsi que plusieurs prestations de «lipsing» sur les chansons de l’heure!! La célébration de la femme s’est couronnée le 8 mars par un grand défilé d’associations de femmes de plusieurs horizons et une soirée dansante. J’ai eu la chance de défiler aux côtés d’une de mes associations de mères-d’élèves (AME), celle du village de Yangah, situé à une dizaine de kilomètres de mon village. Aux sons des chants et des pas de danse traditionnels Mousgoum, les femmes arborant un t-shirt à l’effigie de leur association, ont fièrement défilé!

En lien avec la célébration de la journée de la femme, j’avais décidé d’organiser deux formations pour mes AMEs où l’une portait sur la fabrication de savon artisanal et l’autre sur les techniques de jardinage. Ces formations servent à outiller les associations pour améliorer leurs activités génératrices de revenus. Les profits de toutes ces activités leur servent par exemple, à acheter ou réparer du matériel ou des équipements scolaires, à offrir des petits cadeaux aux élèves méritants et particulièrement les filles, à organiser des sensibilisations au village pour augmenter la scolarisation des enfants, etc. 
 

 

À la fin du mois de février, j’ai eu le grand privilège d’assister à l’élection d’un grand chef traditionnel dans un village voisin. Plus d’une dizaine de candidats, tous reliés génétiquement à l’ancien chef, décédé en juin dernier, ou à la grande famille royale, ont tenté leur chance pour accéder à ce poste, d’une très haute importance dans les villages africains. Pour la première fois, des élections libres, transparentes et publiques ont été organisées et c’est le curieux mélange entre traditionnel et moderne qui m’a le plus frappée lors de cette journée! Les 39 Lawanes et Djaouros (chefs traditionnels de quartiers) de tout le secteur du village étaient invités à se prononcer sur le choix du futur chef en allant dans une salle en séko (paille) fabriquée spécialement pour l’événement et en mettant leur bulletin de vote dans l’une des grandes urnes en plastique (utilisées lors des élections présidentielles en octobre dernier!). Les services de la brigade policière et de la gendarmerie assuraient la sécurité des centaines de personnes venues assister à cet événement historique. C’est ainsi que les 4X4 roulaient au milieu de la foule, en passant entre les groupes de griots (musiciens) arborant fièrement tambours et flûtes traditionnels et attendant patiemment le verdict avant d’entraîner la foule dans les chants et les danses de célébration. Après plusieurs heures d’attente ponctuées de nombreux discours, c’est finalement le plus jeune candidat qui a été couronné. Les célébrations incluant chants, musique,danses et prières se poursuivront pendant 7 jours pour souligner l’arrivée du nouveau chef et le dernier jour, une grande fête au village clôturera cet événement d’envergure. Ayant eu la chance de le rencontrer et de discuter avec lui quelques semaines auparavant, les personnes qui viendront me visiter auront aussi probablement la chance de se rendre au lamidat de Pouss pour aller y saluer le nouveau chef! Peut-être que certains se demandent pourquoi je n’ai jamais fait allusion au chef de mon propre village, Guirvidig… En fait, je suis allée saluer le chef une seule fois depuis mon arrivée et les raisons sont toutes simples. Mon chef ne parle pas français, il est âgé, très malade et ne sort pratiquement plus de sa chambre. Il ne siège même plus au tribunal coutumier (qui est habituellement une des grandes responsabilités du chef), laissant le soin à ses conseillers, de vieux sages, de régler les problèmes du village.



Enfin, je ne peux pas non plus passer outre un autre événement de grande importance qui s’est déroulé dans ma propre cour! Mon propriétaire s’est marié pour une deuxième fois (et oui, les mariages polygames sont choses communes ici!). Un grand buffet et des invités venant d'un peu partout au village ont élu domicile dans ma cour le temps d'une journée pour venir saluer les nouveaux mariés. Le petit fait marquant de cette journée, c'est ma rencontre avec la jeune mariée d'environ une vingtaine d'années, qui ne parlait ni français ni la langue locale le foulfouldé. Elle venait d'Arabie Saoudite et ne parlait que l'arabe et quelques mots d'anglais. Cela m'a rapidement amenée à la conclusion que les mariages arrangées existent bel et bien au Cameroun, je venais d'en avoir la preuve! Et lorsque je me suis mise à penser à toutes les difficultés que ces jeunes filles déracinées vont rencontrer, je n'ai pu qu'être envahie par un sentiment d'empathie.

Je me permets maintenant d’aborder un sujet un peu plus léger! Après plus de 6 mois d’attente… en revenant du travail en passant sur la digue du Lac Maga, j’ai finalement croisé mon premier troupeau d’hippopotames. Situés à quelques mètres devant moi, les petits et leurs parents se prélassaient tranquillement au soleil. Je n’ai pu que m’émerveiller devant ces animaux s’imposant comme des forces de la nature!
 
 

Je termine en vous laissant sur cette image de brousse en pleine saison sèche, si représentative de mon environnement quotidien. Elle vous apparaîtra probablement comme étant très exotique, mais je vous avouerai que je continue, moi aussi, d’avoir ce sentiment jour après jour! Le temps étant si subjectif, j’ai de la difficulté à réaliser que mon arrivée à Guirvidig date déjà de plus de 6 mois. Un grand merci à tous ceux et celles qui continuent de m’encourager dans cette folle aventure, malgré les kilomètres qui nous séparent!
 
Ousséko djour !
(Merci beaucoup!)